Voici ce qui arrive quand le gouvernement essaye d'interdire les armes
By Mark Steyn, The Sunday Telegraph, 05/01/2003.

Version anglaise


On pourrait croire que si le contrôle des armes (gun control) devait marcher quelque part dans le monde, ce serait sur une petite île. Particulièrement une petite île dont les ports d'accès sont gardés par les zélotes des douanes de Sa Majesté, qui ne connaissent rien mieux que d'opérer des fouilles corporelles des cavités intimes… des fois que vous auriez une bouteille de Beaujolais hors-taxe camouflée là. Et c'est sûr, si vous aviez un Walther PPk bien caché ces inspecteurs d'élite seraient les premiers à le remarquer.

Mais apparemment pas. Depuis l'interdiction gouvernementale totale des armes, il y a 5 ans, il y a de plus en plus d'armes utilisées par de plus en plus de criminels, dans de plus en plus de crimes. Maintenant, au lendemain du massacre de la nouvelle année à Birmingham, il y a des appels pour rendre l'interdiction totale encore plus totale : si les gangs refusent d'obéir à la loi existante, nous ferons encore plus de lois pour qu'ils n'y obéissent pas. Selon un rapport de l'ONU, le mois dernier, l'Angleterre et le Pays de Galle ont maintenant le plus haut taux de criminalité parmi les 20 nations dirigeantes du monde. On peut discuter la méthodologie de cette étude, tout en reconnaissant le génie particulier avec lequel la politique britannique contre le crime a fait en sorte que tous les signaux passent au rouge – un contrôle des armes draconien, plus une violence armée sérieusement aggravée, plus des crimes contre la propriété en hausse stratosphérique.

Qu'est-ce qui s'est passé à cette soirée à Aston ? Je ne veux pas dire " qu'est-ce qui s'est passé" dans le sens de l'analyse perspicace du Chef Superintendant Dave Shaw, qui a conclu : "Il y a sûrement eu une sorte de dispute, qui a entraîné la venue de personnes avec des armes, avec lesquelles ils ont tiré, ce qui a déclenché l'incident." On ne peut rien ajouter à cela, n'est ce pas ? Mais ma question concerne la signification plus large de ce drame. Le Chef Superintendant Shaw a ajouté : "Nous n'avons jamais eu affaire à quelque chose comme cela. En ce qui concerne la nature de cet incident, c'est pratiquement sans précédent à Birmingham." Il n' a pas tout à fait dit que Birmingham est l'une de ces communautés bucoliques aux liens très serrés, où chacun au village connaît tous ces voisins et où personne ne ferme sa porte, mais vous voyez le genre : ce fut là une aberration hors norme.

Je ne pense pas. Quand ces jeunes hommes ont décidé d'ouvrir le feu à Birchfield Road, ils prenaient une décision tout à fait rationnelle. La raison pour laquelle le Chef Superintendant Shaw n'avait "jamais eu affaire à quelque chose comme cela", c'est parce que Aston avait depuis longtemps été abandonnée aux gangs. Et si vous pouvez trafiquer de la drogue impunément et commettre des vols avec effraction impunément, qui osera dire que vous ne pouvez pas assassiner impunément ? La police de West Midlands a offert une récompense de 1000 £ pour toute information permettant l'arrestation des responsables. Pensez-y un peu : seriez vous prêt à dénoncer un membre connu d'un gang pour 1000 £ ? Après les funérailles et une fois la presse axée sur un autre sujet, les policiers retourneront à leurs occupations et oublieront Aston. Mais vous devrez continuer à y vivre !

Quand Dunblane s'est produit, nous tous – même, s'ils sont honnête avec eux-mêmes, les plus hystériques qui réclament des législations inutiles – avons compris qu'il s'agissait d'un événement complètement hors norme : un cinglé qui a cédé à sa folie. Cela arrive et, quand cela arrive, l'événement n'a pas d'implication plus large. Mais ce qui s'est passé à Birchfield Road relève de quelque chose de plus important : c'est un aperçu du lendemain du lendemain, non seulement à Aston, mais aussi à Edgbaston, Solihull et Leamington Spa.

Après Dunblane, la police et les politiciens ont pris leur position de base : c'est votre faute. Nous ne pouvons rien faire contre lui, donc nous ferons quelque chose contre vous. Vous vous êtes fait taxer votre téléphone mobile ? Vous êtes fou de l'avoir sorti. Pourquoi ne pas le garder bien au chaud et en sécurité sur la table du téléphone ? On vous a piqué la radio de votre voiture ? Fallait pas la laisser dans la voiture. Votre maison visitée ? Vous devriez avoir des alarmes laser et des barreaux aux fenêtres. Vous aviez des alarmes laser et des barreaux aux fenêtres, mais ils ont attendu que vous soyez à la maison, ils ont enfoncé la porte et ils vous ont tabassé ? Vous devriez avoir une porte blindée et une ouverture à technologie de reconnaissance de la rétine. C'est votre faute, de toutes façons. La police britannique, monumentalement inutile, avec une main d'œuvre comparativement nettement plus importante, nettement mieux payée et nettement mieux équipée que les polices américaines, n'a pas eu une seule idée originale depuis des décennies, elle s'accroche donc désespérément à son idéologie de base : la meilleure façon de traiter avec les criminels est d'imposer de plus en plus de restrictions et de nuisances aux honnêtes citoyens.

Les gangs des rues de Birmingham comprennent cela instinctivement. Ils savent, même si le gouvernement ne le sait pas, que "l'interdiction totale" à la Blair, qui a l'air si forte et macho, quand on l'annonce avec l'accent qui va avec, n'est qu'une fraude : elle fait une cible de la population, pas des criminels. Et quand il le faut, c'est beaucoup plus facile de harceler ce fermier excentrique avec son fusil de chasse non déclaré que d'affronter les p'tits gars de la rue avec leurs Uzis. Quand vous désarmez les citoyens, quand vous les persécutez pour être assez fous pour croire qu'ils ont un droit à la légitime défense, quand vous publiez des avertissements selon les quels il ne faut pas réagir quand on est témoin d'une attaque brutale contre la propriété ou un viol, les bénéficiaires évidents sont les criminels. Aston est la conséquence logique de la politique britannique: des sales types rivaux, avec un matériel moderne, une populace effrayée et un policier éloigné confortablement enfoui sous la couette, avec le téléphone sur répondeur.

Je vois que je n'ai pas encore abordé le facteur social délicat que même les gauchistes anglais les plus frileux ont dû affronter : Aston, c'est encore de la violence "noir contre noir". La raison pour laquelle je n'ai pas mentionné cela, c'est qu'en l'occurrence, cela n'a pas de rapport. Quoi de neuf là dedans ? Le Canada aussi a eu un massacre type Dunblane, suivi par une législation type Dunblane et, comme à Birmingham, Toronto, la paisible, la peu excitante, s'est retrouvée submergée par une violence armée – par qui ? – par des gangs jamaïcains. Mais ni en Angleterre, ni au Canada, il n'est politiquement acceptable de suggérer que peut-être les Jamaïcains devraient-ils être soumis à des mesures particulières à l'immigration. Dans les faits, le massacre au Canada d'étudiantes, il y a 12 ans, avait été commis par le fils d'un musulman algérien, rosseur de femme. Mais, bien que nous affirmions tous être concernés par les causes profondes de la criminalité, cela implique trop souvent des jugements culturels inadmissibles. C'est plus facile, à la manière de Monsieur Blair, de faire dans le "total" : on blâme tout le monde, on interdit tout.

Cette approche de base des facteurs culturels se rapproche de celle qui est pratiquée par les progressistes américains. Le provocateur corpulent Michael Moore, dans son film Bowling for Columbine, qui réjouit actuellement le public britannique, fait tout un documentaire pour enquêter sur la "culture" de la violence américaine armée, sans mentionner que les noirs, qui représentent 13 % de la population, sont responsables de plus de la moitié des meurtres (et des victimes aussi !). Une fois que vous les excluez de la statistique, les Américains tuent à peu près au même taux que les mignons Canadiens.

Mais, comme je l'ai dit, cela ne vaut même pas la peine d'en parler à propos de l'Angleterre. Dans mon coin du New Hampshire, nous sommes tous armés jusqu'aux dents et tout gangster qui aurait l'idée d'attaquer une station service serait bien vite "ventilé" par des types dont les pick-ups sont mieux équipés que la plupart des armées européennes. Le droit à la légitime défense combat le crime, le contient, l'empêche de se répandre hors des juridictions déjà infestées par la drogue. Dans l'Angleterre d'après Dunblane, d'après Tony Martin, cette contrainte n'existe plus : c'est pourquoi le quartier royal de Kensington et Chelsea ont maintenant un taux de criminalité plus élevé que Harlem.

Et actuellement, les taux de meurtres, traditionnellement haut en Amérique et traditionnellement bas au Pays de Galle, ont tendance à se rapprocher. En 1981, le taux américain Etait neuf fois plus haut que l'anglais. En 1995, 6 fois plus haut. L'année dernière, il était à 3.5. Si l'on considère que les statistiques américaines – au contraire des britanniques – tiennent compte de tous les homicides, le taux réel est nettement plus proche. Ney York vient d'enregistrer son taux de meurtre le plus bas depuis le 19e siècle. Je parie que dans les deux ans à venir, Londres passera au premier rang.